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Quelles conditions pour un champion français mondial de l’intelligence artificielle ?

Depuis l’avènement de ChatGPT qui a révélé le potentiel de l’IA au grand public et l’incroyable engouement qu’il a généré, cette dernière est au cœur de nombreux débats :

  • De société (remplacement des emplois) ;

  • Économiques (performance des industries) ;

  • Juridiques (propriété intellectuelle) ;

  • Règlementaires (au niveau européen avec l’AI Act VS le reste du monde) ;

  • Industriels (course aux supercalculateurs) ;

  • De souveraineté (est-il encore possible de faire émerger un champion français ou européen pour ne pas reproduire la bataille « perdue » du cloud et des médias sociaux ?).


Sur ce dernier point, l’avis des Français est sans appel. S’ils en avaient la connaissance ou un usage aisé, 71% des particuliers et 91% des professionnels privilégieraient l’utilisation d’une technologie française plutôt qu’américaine ou chinoise (source : L'Observatoire des nouveaux usages).

 

À l’heure où les solutions de Microsoft (Open AI, Copilot), Google (Gemini) ou Meta inondent le marché, où en sommes-nous ? Le retard français est-il rattrapable ?

 

Nous pensons que oui, car au-delà de l’excellence académique de nos grandes écoles, il existe déjà des pépites françaises, certes peu connues du grand public mais qui devraient nous garantir une place dans l’écosystème mondial.

 

Hors notre présence dans le domaine des supercalculateurs - l’Europe dispose du 4ème supercalculateur le plus puissant avec LUMI -, des champions émergent rapidement dans l’IA, à l’instar de Mistral AI. Après 2 ans d’existence, la société française est valorisée à plus de 2 milliards d’euros après sa dernière levée de fond en fin d’année 2023 (à hauteur de 385 M€). Son modèle de fondation possède déjà des performances comparables à celles des géants du secteur comme GPT4 ou Llama 2. Un autre exemple : la levée récente de 300 M€ par des industriels français pour financer le laboratoire de recherche Kyutai.




 

Mais pour que ces champions continuent leur croissance, il faut que la demande suive la même tendance – tant chez les particuliers qu’au sein des entreprises.

 

Cette tendance semble se confirmer ; en effet, la majorité des grandes entreprises (du CAC40 pour la France) ont déjà lancé des initiatives sur l’IA. Elles expérimentent à plus ou moins grande échelle les usages de l’IA générative – sur des sujets comme la productivité des collaborateurs par exemple. Les premiers résultats confirment que la demande se renforce et permet d’anticiper une adoption massive sur les mois et années à venir.

 

Nous pensons par ailleurs que l’AI Act (voté par les députés européens le 2 février 2024), même s’il apporte des restrictions et des contraintes, rassurera les entreprises dans leur adoption de l’IA en renforçant leur niveau de confiance – en dessinant un cadre légal sur des sujets comme la transparence et le respect des droits d’auteur. Cela pourrait se transformer en véritable avantage concurrentiel pour les éditeurs français et européens s’ils prouvent leur conformité "by design" à la règlementation, contrairement aux solutions mises au point sur d’autres marchés.

 

Mais il reste encore de nombreux freins pour la majeure partie des entreprises. En effet, au-delà des multinationales qui ont la capacité à mobiliser d’énormes financements pour se transformer, les entreprises plus modestes (PME) ont du mal à trouver les talents qui maîtrisent ses solutions, ainsi qu’à faire venir les bons experts.

 

Ici aussi, la stratégie open source des éditeurs français, comme Mistral AI, pourrait se révéler un avantage pour les sociétés qui ont peu de moyens à mobiliser.

 

Il faudrait toutefois qu’une communauté de développeurs se crée autour de ces modèles de fondation pour produire des applications peu couteuses à l’usage (car basée sur un modèle open source, à contrario des modèles payants basés sur des token/prompts) et accessibles au plus grand nombre.


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Écrit par Frédéric Brajon, Directeur Data chez Saegus

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